Un peu d'histoire

Le Château de Lanloup

 Le territoire de la commune de Lanloup dispose d'un manoir seigneurial, dénommé Chateau de Lanloup, situé en haut du bourg vers le sud-est, et de cinq autres manoirs : La Noe verte, Kerjolis, Kerguistin, Kervegan et Kerverret.

 

Vielle carte

Château ou Manoir ?

    Le Pére Le Floc'h, recteur de la paroisse de 1968 à 1971, qui a procédé à des recherches fouillées au siecle dernier, rapporte que la date de construction du bâti n'est pas connue. Tout au plus sait-on qu'il existait déjà lorsque Rolland devint premier Seigneur du lieu, en dépendance de Coetmen.

Le Château : 
Le batiment a dés l'origine bien titre de château, le Seigneur de Lanloup ayant droit de basse, moyenne et haute justice sur ses terres.
Le château a été construit en plusieurs étapes, sur les bases de l'ancien logis seigneurial.

 

Rolland, Chevalier, est mentionné comme seigneur temporel de Lanloup dans une Charte de Beauport en 1266 et en devient le premier seigneur résident; les actes ulterieurs lui font prêter, ainsi qu'à ses descendants, serment de juveigneurerie au Seigneur de Coetmen.
En 1268 , il emprunte aux moines de Beauport 40 livres (et donne en gage et jusqu'à paiement la dîme de son fief, soit 10 rais de froment en mesure marchande de Lanvollon) pour s'équiper et suivre le Roi Louis IX, futur Saint Louis à la 8ème croisade (on n'en sait pas plus).
Le Sénèchal de Goëllo rapporte le 27 octobre 1485 que le fief de Lanloup est une ancienne piéce, de l'estimation de 300 livres de rente depuis deux cents ans. (constitué de la location de ses terres, la 12eme gerbe des récoltes, le revenu du four banal et du moulin, ce qui est déjà beaucoup pour l'époque)

Rolland a trois enfants : Guillaume, Johan (qui succédera à son frère) et Margelye, qui épouse Geoffroy Lires, lequel devient Sergent de Police du Seigneur Johan)
Johan a deux enfants : Rolland, qui hérite à son tour de Lanloup, et Jehanne, qui entre au monastère d'Hennebon en 1363.
 A son tour, ce Rolland, qui eut pour epouses Mahaut Boterel puis Margelye de Coetleguer, ne semble plus habiter Lanloup, mais le manoir de Launay, en Pleguien. 
    Son fils Jehan bataillera ferme pour faire reconnaître ensuite ses droits seigneuriaux, multipliant les procés. La chefrente due au Seigneur de Coëtmen passe, en 1436, de cinq à dix sols, sans doute sur la base des richesses ainsi etablies. Il obtient en contrepartie une participation des Seigneurs de la Noe Verte et de Kerjolis, à l'entretien des routes de Lanloup, dont ils font usage.
Son épouse, Guillemette Le Borgne, lui donne une fille Beatrix et un seul fils, Guillaume, qui n'aura pas de descendance.
La première lignée masculine directe de Lanloup s'eteint,avec Guillaume,fils de Jehan.

La succession passe alors aux seigneurs de la Demi-ville en Plelo, via  Beatrix, la sœur de Guillaume. En 1474, s'il est bien Seigneur de Lanloup, Jean, petit-fils de Jehan et neveu de Guillaume, prend egalement les armes de sa mère Beatrix et signe « videlicet Le Picart ». Il réside encore habituellement au manoir de la Demi-ville avec son épouse Jeanne de la Lande. Jean de Lanloup met en place la Foire de Septembre de Lanloup par lettre patente du 29 avril 1477.(il sera encore fait mention de cette foire au XIXe siecle)

Le château fut partiellement  restauré par Jeanne de la Lande veuve en 1552 de Jean le Picart- Cette dernière ayant reçu en douaire        l '« ostel de Lanloup », manoir trés délabré selon un proces-verbal de 1520, mais dans lequel elle va venir demeurer avec son fils Jean. Ce dernier decède sans enfants, c'est son frère Yves qui lui succede. 
Le temps passe, Yves a trois enfants : Jean, qui hérite à son tour, Anne et Guillaume.

La France est dechirée par les Guerres de la Ligue ; les Seigneurs de la Noe verte et Kerguistin fortifient leurs enceintes pour faire face à la guerre civile qui a des répercussions jusque sur leurs terres. 
En 1587,le seigneur de Lanloup, nommé lui aussi Jean se réfugie à Rennes pour échapper aux troubles ; les terres de Lanloup sont la proie des troupes de Mecoeur et du Maréchal d'Aumont dont les troupes majoritairement anglaises, sont stationnées à Paimpol.

 

Tableau eglise

En 1600, Jean épouse Claude Bizien ; ils ont deux enfants Geoffroy et Peronnelle. Geoffroy décède avant son père ; une fois de plus, la lignée part en oblique et Jean partage ses biens de son vivant entre sa fille Peronelle (la Demiville), sa sœur Anne (une métairie) et son jeune frére Guillaume (Lanloup)
C'est ainsi qu'au fil des succession et mariage, le manoir de Lanloup échoit à Guillaume en 1610, qui à partir de 1620 vient y habiter avec sa femme Francoise du Perrier, quittant le manoir de Kerivoas en Plouha, dot de Francoise. Ils ont alors 64 et 57 ans.  Leur portrait figure dans un ancien tableau d'autel de l'église de Lanloup, daté de 1634 et signé Georgius le Tourneur. 

Description tableau eglise de lanloup

Guillaume décéde en 1648 à l'âge de 78 ans. Son fils Geoffroy est déjà décédé en 1635. C'est donc le fils de celui-ci qui hérite : Yves, né à Plouha le 23 fecrier 1626.

Ce petit-fils de Guillaume épouse Sainte le Viconte le 03 avril 1652, ils reconstruisent le château aux normes du XVIIeme siècle, agrandissant le bâtiment et ouvrant les grandes fenêtres sur la cour d'agrément. Leurs armes mi-parties figurent au-dessus de la porte. On leur doit aussi un cadran solaire horizontal, sur pied monolithe, réalisé par Jacques Hervé, géographe à Lannion, et situé alors dans la cour.

Sainte le Viconte sera inhumée dans le choeur de l'abbaye de Beauport (29 aout 1663) 
Yves de Lanloup est inhumé dans sa chapelle de Lanloup (23 fevrier 1663)
 

Blason lanloup le vicomte

Gabriel, leur fils ainé réside l'été à Lanloup, et l'hiver à Lanvollon. Seigneur aux prétentions exagérées, il mène maint procés, y compris une querelle avec Taillard de Kerverret, procureur au Parlement de Bretagne et fermier général du comté de Goelo. Il échoue parfois, mais fait finalement  reconnaître ses droits de facon détaillée dans l'aveu de 1682 sur la « seigneurie et châtellenie de Lanloup », precisant y avoir droit de haute, moyenne et basse justice – et qu'il posséde en propre le « manoir et lieu noble de Lanloup avec ses dépendances, cours, jardins, colombier, pré, verger, deux bois de haute futaie, étang, vivier, chapelle... » - qui reprensentent, en 1690, 400 livres de rentes, toutes charges rabattues et non compris les maisons roturières qui en dependent. 

Son fils Gabriel-Vincent, issu de son riche mariage avec Jehanne de Rostrennen, épouse le 20 avril 1717, Anne-Josephe de la Boessière. Fin diplomate, Gabriel-vincent rachète le 12 janvier 1737,(fort cher) chefrente, mouvence, rentes et tous autres droits, au Seigneur de Coetmen, se débarasse ainsi de ses liens polémiques avec la dite baronnie, et ne dépend plus désormais que du Roi de France. C'est ainsi que sa veuve rendit aveu au roi  en 1738. Elle décede en 1746 – sa pierre tombale est à l'entrée du porche de l'église, complétement martelée pour n'avoir pas échappée à la fureur révolutionnaire.

Jean-Guillaume et Claude-olivier, deux de leurs neuf enfants, resident ensemble au château de Lanloup. Jean-Guillaume est un bon administrateur ; il développe la rentabilité du moulin et surveille l'honnêteté des meuniers. Il est dévoué à ses sujets. Il cède le manoir de Kerivoas aux Courson (contre une rente de 200 livres, un veau gras et 50 livres de beurre) et vit avec simplicité à Lanloup. Claude-Olivier, meurt en service , embarqué comme Capitaine au régiment du Vermandois, sur la Marie-Ursule de St Brieuc, en partance pour la guadeloupe le 13 janvier 1768.

C'est Anne-Joseph, dernier des neuf, qui leur succede. Par le jeu des alliances matrimoniales, la fortune des Lanloup est alors à son apogée. Modeste, aimé du peuple, ayant étudié la médecine, il fonde un petit hospice au bourg pour soigner les pauvres de la paroisse. C'est ce qui vaudra, surement, la préservation du manoir lors des affres de la révolution française. Il est executé le 24 floreal an II, place Louis XV (actuelle place Vendôme) à Paris, pour avoir notamment entretenu une correspondance avec les « ennemis exterieurs » : sa fille unique Marie-anne venait d'epouser  le 23 avril 1789 à l'age de 15 ans, le Marquis de Crenant, lequel avait rejoint l'armée de Condé en 1792. Marie-anne est emprisonnée à Lannion. Le Manoir est confisqué comme bien national et ne lui sera jamais restitué malgré tous les recours entrepris. Un portait de la jeune femme serait conservé au musée de St brieuc.

Lanloup genealogie de R. COUFFON, 1924

Généalogie de la Famille de Lanloup de R. Couffon, 1924

Le Manoir : 
 
En 1789, le Genéral (ou assemblée) de Lanloup est présidé par Joseph Ropartz, sénéchal de Lanvollon et avocat au Parlement de Bretagne.  La première municipalité est élue le 5 fevrier 1790, avec pour maire Claude Le Cornec. Sous la Terreur, lanloup devient « Lan-Mor » (Lande-mer) le 17 janvier 1794 (28 nivose an II). La commune devient chef-lieu de canton avec juridiction sur Plouha, Plehedel et Plouezec – jusqu'à l'empire.

Bien National, l'ancien château de Lanloup est racheté le 1 septembre 1794 par Joseph Ropartz ;  la famille Ropartz  le conservera juqu'en 2020 : Manoir vient du latin « manere », qui signifie « demeurer »...

Né en 1763 à Plougasnou, sénéchal et avocat au parlement de Bretagne quand éclate la revolution, Joseph deviendra procureur impérial, et chevalier d'empire en 1810. Ses armes figurent sur la tourelle qui sera construite en extention au XIX siecle. Entretemps, les Ropartz demeurent habituellement à Guingamp.
De son mariage avec Pelagie Pouhaer nait Gabriel-Louis, d'où est issu Sigismond en 1823. Avocat, homme de lettres trés lié avec jean-Marie de lammenais, historien (président de la société d'histoire d'Ile et Vllaine) et musicien ( Cantate « les deux bretagnes »), il est inhumé à Guingamp.
De son union avec Elise Danion nait Joseph-Guy le 14 juin 1864. Le jeune homme quittera sa chère Bretagne pour étudier sous l'égide de César Franck ; en 1894, il prendra ses fonctions de directeur du Conservatoire et des concerts symphoniques de Nancy (1894-1919) – devenant le plus jeune directeur de France -puis de Strasbourg (1919-1929) .Il est nommé à l'académie des beaux-arts en 1949, 5eme section/composition musicale/5eme fauteuil, consacrant ainsi sa renommée de grand musicien du XXeme siecle. Il en recevra l'épée, le 7 juillet 1951 à Lanloup, où il est venu prendre sa retraite et terminer sa vie, après le decès de sa femme. Aveugle en 1953, il décéde le 22 novembre 1955 – jour de la Sainte-Cécile, patronne des musiciens - au Château. Il est inhumé dans le cimetière contre l'eglise. Sa fille Gaud l'y rejoindra.
Ses autres descendants, attachés à Strasbourg, ne viendront plus qu'en vacances ;  le dernier Ropartz à en être propriétaire est son petit-fils, Philippe Ropartz, professeur en pychophysiologie à Strasbourg, qui viendra comme son aieul prendre sa retraite et  finir ses jours à Lanloup.
 

Images 1

Le château est la demeure de la famille Basselin depuis 2020.

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